Que sais-je ? Pas grand-chose… mais c’est bon ! Expats au Japon depuis 400 jours
Que sais-je ? Pas grand-chose… mais c’est bon !
Pour fêter les quatre cents jours de mon arrivée à Tokyo, l’année passée en famille ici (Delphine et les enfants m’ayant rejoint le 1er novembre) et enfin mon anniversaire, nous avons fait les quatre cents coups. Plus haut, j’ai parlé du karaoké avec les copains de Paris, tous les huit en yukata (kimono de coton) après un dîner fort traditionnel dans un ryokan de Hakone. En revenant à Tokyo, nous avons fait les fous avec les enfants dans ces fameuses petites cabines dont parlait Delphine dans un post précédent, afin d’imprimer des « purikura » à notre effigie. C’était super !
Tiens ! On n’a pas appris grand chose cette année sur ce pays multiple et complexe, mais c’est un des trucs qu’on a remarqués : ils aiment bien fabriquer des néologismes en combinant deux mots, comme font les Anglais (breakfast + lunch = brunch). Ici, purikura vient de « print club » que les Japonais prononcent « purintu kurabu » (lire à haure voix en omettant les ‘u’ et en roulant les ‘r’ jusqu’à le transformer en ‘l’, ça marche !). Un autre exemple, combiné avec leur goût immodéré des onomatopées dans les mangas : les films de sabre sont surnommés les « chambara », car les lames y tranchent les chairs en faisant « chan-chan bara-bara ». On va bientôt vérifier en allant au Gonpachi, resto dont s’est inspiré Tarantino pour la scène délirante de « Kill Bill vol. 1 » au cours de laquelle Uma Thurman se bat contre les Crazy 88 !
Tiens ! Avec Kill Bill et les samurais fous, on voit que je me coltine encore avec les clichés qui envahissaient mon esprit (et le premier article de ce blog) lorsque je suis arrivé à Tokyo l’an dernier. Peut-être est-ce notre façon de nous approprier « notre Japon » que de tourner autour en cercles concentriques : la barrière de la langue, mais surtout la barrière culturelle avec mes collègues et partenaires japonais, leur retenue, leurs vernis de politesse m’ont peut-être empêché de plonger au cœur du Japon professionnellement. Néanmoins, cette méthode d’approche « en cercles concentriques » est celle que l’on dit être utilisée par les sociétés japonaises pour aborder un problème complexe, lui tourner autour, l’appréhender sous tous les angles, afin d’être plus efficace dans la résolution, dans la mise en œuvre, dans l’exécution.
Alors, nous grapillons nos petits morceaux de Japon, de Hokkaido à Kyushu, du Kansai à Nikko, avec des projets de toujours aller plus loin, comme le week-end dernier en admirant le Fuji-san à Hakone avant de l’escalader sans doute l’été prochain.
Nous cueillons nos impressions du Japon, comme les pétales de cerisiers si poétiques quand ils évoquent un homme qui doit entrer dans un onsen sans éclabousser « tel un pétale de cerisier se posant sur l’eau » ; mais également si ambigus, quand leur vie éphémère – ils se détachent de l’arbre et s’envolent avant de faner – offre une philosophie morbide aux kamikazes de triste mémoire.
Nous feuilletons le Japon à travers ses symboles, ses auteurs, son histoire, ses mangas et ses films (on y reviendra), parfois en nous appuyant sur les « passeurs » occidentaux dont je parlais dans un post précédent, en cercles concentriques donc. Même si les fulgurances architecturales de Kenzo Tange, les délices culinaires de Narisawa, les délires animés de Satochi Kon, ou les folies vestimentaires des jeunes de Shibuya ou d’Harajuku nous font parfois plonger droit au cœur du Japon. Et c’est bon. Et c’est beau.
Libellés : Société
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