Couleur et chaleur, ah ! Les beaux week-ends d’automne – Expats au Japon depuis 399 jours
Couleur et chaleur, ah ! Les beaux week-ends d’automne
C’est un fait bien connu des Japonais et des étrangers vivant au Japon : l’automne ici est une courte et belle saison, coincée entre un été étouffant et humide et un hiver froid et sec. On essaie donc d’en profiter du mieux qu’on peut. Au Japon, tout événement « bien connu » implique d’interminables embouteillages, surtout durant les week-ends de trois jours qui parsèment la saison automnale. Pour les éviter, le petit jeu des expats est de jongler avec les horaires des Japonais ; malgré cela, nous sommes restés englués plus d’une fois.
Nous avions du retard sur les grands classiques des environs de Tokyo ; nous nous sommes rattrapés : Shimoda et la péninsule d’Izu, puis Nikko, et enfin Hakone ce week-end.
Nous avions du retard sur les grands classiques des environs de Tokyo ; nous nous sommes rattrapés : Shimoda et la péninsule d’Izu, puis Nikko, et enfin Hakone ce week-end.
Dans les rouleaux du Pacifique à Shimoda, il faisait doux. Malgré quelques nuages et quelques gouttes, les quatre jours de repos de nos quatre familles firent fi de la crise financière qui couvait (elle a tout de même rappelé un des hommes une journée à Tokyo). Façon carte postale à sa mamie : nous avons caressé des dauphins dans le parc aquatique, nous avons grignoté des onigiri sur la plage en regardant les surfeurs alignés attendant la vague (de Shimodice), nous avons siroté de l’umeshu à l’apéro, nous avons surplombé une grotte dans laquelle s’engouffrait la mer, nous nous sommes trempés dans les plus beaux onsens de la côte… même qu’il y avait quelques filles drapées dans leur serviette qui faisaient des bisous à leurs copains américains dans le bassin des hommes, c’est pô croyable !
Sous les arbres qui débutaient leur mue d’automne aux environs de Nikko, il faisait encore doux. Malgré les files de pots d’échappement qui n’arrivaient pas à s’échapper de la voie unique qui longeait le lac, nous avions laissé derrière nous les coopérations délicates avec les partenaires japonais. Notre pension de famille, l’annexe du Turtle Inn, jouxtait les magnifiques alignements de Jizo, le dieu protecteur des enfants avec son bonnet et son bavoir rouges, le long d’un beau torrent de montagne. La villa impériale n’en finissait pas d’offrir des angles de vue magnifiques sur le parc ou les cours intérieures tapissées de mousse. L’ample lac Shuzenji et le charmant petit lac Yu, sertis au pied de belles collines et reliés par des cascades, offraient de belles randonnées sous les frondaisons. Bon, l’onsen sentait le souffre, quelques rinçages à l’eau claire furent nécessaires.
Sur les pentes du volcan Kamiyama qui domine Hakone, il faisait toujours doux. Malgré le prix de notre hôtel-ryokan qui flambe au même rythme que le yen, nos amis français sont enchantés et finissent leur séjour japonais en pleine nature. Les fumerolles sur les pentes du volcan sentent le soufre, une fois de plus. Les écharpes de fumée et les arbres morts composent un premier-plan dantesque au mont Fuji – Fujisan, et non Fujiyama, répétons-le – dont le cône parfait s’élève dans le ciel dégagé à une vingtaine de kilomètres de là : c’est splendide. Les appétits creusés par cette vue majestueuse sont vite rassasiés avec les « œufs noirs » (onsen tamago) cuits dans une petite piscine naturelle… au soufre. Le point d’orgue de cette journée est la visite du musée en plein air de Hakone : un Balzac de Rodin, une femme mince de Giacometti, un Léger, un Bourdelle, des Henry Moore, une galerie Picasso, une nana de Niki de Saint-Phalle… ; le plaisir est à la mesure de cette liste. Et j’oublie malheureusement, faute de les avoir notés, les splendides œuvres d’artistes japonais, tel cet « homme et Pégase » dressé sur un piédestal de dix mètres pour se découper sur les montagnes environnantes. A cet inventaire à la Perec ne peut que répondre l’enchaînement effréné des tubes que nous bramons au karaoké le soir même : Call me, Dancing Queen, With or without you, Que sera sera, Hey Jude, j’en passe et des plus massacrés.
Qui veut ouvrir le débat entre culture savante et culture populaire ? Entre les couleurs de la nana de Niki et la chaleur des années disco, moi je prends les deux !
Libellés : Balades au Japon
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