All you need is a love hotel – Expats au Japon depuis 379 jours
All you need is a love hotel
Pour évoquer avec légèreté le sujet a priori un peu racoleur des « love hotels », on pouvait continuer dans la veine Joe Dassin avec « elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline » (zaï zaï zaï zaï), car, à Tokyo, nombre de ces établissements se regroupent sur la colline de Dogenzaka, à deux pas du carrefour de Shibuya derrière le célèbre magasin « 109 ». Mais j’ai préféré les Beatles, depuis ma visite du musée John Lennon à Saitama (juste avant un sublime concert de Radiohead il y a deux semaines), et sa salle dédiée au « All you need is love » des quatre scarabées alors en pleine période psychédélique.
Le principe des love hotels n’a rien de scabreux. Les couples japonais souffrent souvent d’apparts avec cloisons hyperfines, ou vivent encore chez leurs parents où les cloisons sont alors des « shoji » en papier. On peut alors croiser de jeunes adultes en quête d’un moment d’intimité. Les établissements ont une apparence tout sauf louche, les quelques rues enchevêtrées sur les flancs de la colline n’ont rien de sordide, et personne n’arpente la colline en proposant de l’amour tarifé. Les couples sont donc déjà formés, et ils ont le choix entre deux formules, grands classiques des love hotels : deux-trois heures pour le « rest », euphémisme reposant rappelant notre sieste crapuleuse qui n’a de sieste que le nom, ou bien le « stay » ou l’on reste pour la nuit (en fait, le check-in est à partir de 22 heures, sans doute pour permettre aux « rest » de profiter du début de soirée). Au vu des tarifs des hôtels classiques à Tokyo, on se dit que qu’une personne de passage à Shibuya peut profiter d’une chambre propre et bien insonorisée (!) pour pas trop cher, soit huit à dix mille yens la nuit (50 à 70 euros), tandis que les « resteurs » débourseront quatre à cinq mille yens pour leur escapade de quelques heures.
Il y a d’autres quartiers à Tokyo qui accueillent des love hotels, mais ceux de la colline de Dogenzaka rivalisent de concepts pseudo-poétiques, exotiques ou artistiques, semble-t-il afin d’éviter d’effaroucher la clientèle féminine : un Ganesh et une façade toute en bois pour « Asia », des chambres de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel au « P&A Plaza », des artistes qui décorent celles du « Art Hotel » de petits lutins-champignons espiègles de couleurs vives, les concepts sont variés. Une fois choisi le lieu de ses ébats, l’anonymat et l’intimité sont préservés dans le hall : on choisit sa chambre sur un tableau de contrôle sur lequel les photos des chambres libres sont allumées, et où l’on règle à l’avance soit à une machine automatique soit à un réceptionniste séparé du couple par une vitre teintée qui évite d’éventuels regards lourds de sous-entendus. On peut épicer son passage en louant des déguisements qui passent en revue les fantasmes préférés des mâles japonais (mais les fantasmes ont-ils des frontières ?) : écolière, infirmière, hôtesse de l’air, jeune mariée…
Le reste est laissé à l’imagination du lecteur ; ensuite, ce qu’il vous faut, c’est de l’amour !
Pour évoquer avec légèreté le sujet a priori un peu racoleur des « love hotels », on pouvait continuer dans la veine Joe Dassin avec « elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline » (zaï zaï zaï zaï), car, à Tokyo, nombre de ces établissements se regroupent sur la colline de Dogenzaka, à deux pas du carrefour de Shibuya derrière le célèbre magasin « 109 ». Mais j’ai préféré les Beatles, depuis ma visite du musée John Lennon à Saitama (juste avant un sublime concert de Radiohead il y a deux semaines), et sa salle dédiée au « All you need is love » des quatre scarabées alors en pleine période psychédélique.
Le principe des love hotels n’a rien de scabreux. Les couples japonais souffrent souvent d’apparts avec cloisons hyperfines, ou vivent encore chez leurs parents où les cloisons sont alors des « shoji » en papier. On peut alors croiser de jeunes adultes en quête d’un moment d’intimité. Les établissements ont une apparence tout sauf louche, les quelques rues enchevêtrées sur les flancs de la colline n’ont rien de sordide, et personne n’arpente la colline en proposant de l’amour tarifé. Les couples sont donc déjà formés, et ils ont le choix entre deux formules, grands classiques des love hotels : deux-trois heures pour le « rest », euphémisme reposant rappelant notre sieste crapuleuse qui n’a de sieste que le nom, ou bien le « stay » ou l’on reste pour la nuit (en fait, le check-in est à partir de 22 heures, sans doute pour permettre aux « rest » de profiter du début de soirée). Au vu des tarifs des hôtels classiques à Tokyo, on se dit que qu’une personne de passage à Shibuya peut profiter d’une chambre propre et bien insonorisée (!) pour pas trop cher, soit huit à dix mille yens la nuit (50 à 70 euros), tandis que les « resteurs » débourseront quatre à cinq mille yens pour leur escapade de quelques heures.
Il y a d’autres quartiers à Tokyo qui accueillent des love hotels, mais ceux de la colline de Dogenzaka rivalisent de concepts pseudo-poétiques, exotiques ou artistiques, semble-t-il afin d’éviter d’effaroucher la clientèle féminine : un Ganesh et une façade toute en bois pour « Asia », des chambres de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel au « P&A Plaza », des artistes qui décorent celles du « Art Hotel » de petits lutins-champignons espiègles de couleurs vives, les concepts sont variés. Une fois choisi le lieu de ses ébats, l’anonymat et l’intimité sont préservés dans le hall : on choisit sa chambre sur un tableau de contrôle sur lequel les photos des chambres libres sont allumées, et où l’on règle à l’avance soit à une machine automatique soit à un réceptionniste séparé du couple par une vitre teintée qui évite d’éventuels regards lourds de sous-entendus. On peut épicer son passage en louant des déguisements qui passent en revue les fantasmes préférés des mâles japonais (mais les fantasmes ont-ils des frontières ?) : écolière, infirmière, hôtesse de l’air, jeune mariée…
Le reste est laissé à l’imagination du lecteur ; ensuite, ce qu’il vous faut, c’est de l’amour !
<< Home