Mongolie, la petite yourte dans la prairie – Expats au Japon depuis 323 jours
Mongolie, la petite yourte dans la prairie
Après une petite semaine revigorante en Dordogne, où famille, foie gras, falaise à Domme, canoë sur la Dordogne et le dessin animé WallE s’entremêlent joliment, cap sur la Mongolie ! Deux semaines durant, changement de longitude et surtout d’habitudes dans ce pays rude entre steppe et rivières, en tente et en camp de ‘ger’. On apprend vite qu’au mot ‘yourte’ que les Soviétiques utilisaient, les Mongols préfèrent pour leur habitation traditionnelle le mot mongol ‘ger’, prononcé ‘guerrre’. Nomades par excellence, même lorsqu’ils se sédentarisent dans les banlieues d’Oulan-Bator (deux millions d’habitants sur les trois que compte le pays), ils installent leur ‘ger’ sur un lopin palissadé. Les jeux de mots fusent : lorsque le climat devient hivernal, la ‘ger’ froide reprend ses droits (ouaf !).
Mais pour le moment, le baromètre est bloqué sur « beau, chaud et sec », option « très chaud » entre midi et cinq heures, où on aura du mal à tenter une activité en extérieur durant toutes les vacances. La steppe est un milieu quasi-désertique, souvent sans un arbre ni un buisson sur des kilomètres. Quelques rivières et maigres forêts de résineux la sépare climatologiquement du vrai désert, mais l’amplitude des températures parle d’elle-même : le ciel très clair laisse bien vite échapper les 35°C à l’ombre (du mini-van) de l’après-midi pour tomber certaines nuits à moins de 5°C.
C’est là que nos quelques nuits en « camp de ger », c’est-à-dire en hôtels de la steppe, où chaque chambre est une yourte individuelle pour quatre touristes, s’apprécient particulièrement : sans même faire fonctionner le poêle à bois, les épais murs en feutre nous calfeutrent bien et on y dort mieux qu’en tente… après s’être débarrassé de quelques araignées. Et dans la journée, on remonte un peu les pans de feutre qui entourent la ‘ger’ pour faire circuler l’air un peu plus frais au niveau du sol, c’est ingénieux.
Nous sommes partis en voyage individuel tous les quatre ; une jeune guide-cuisinière anglophone nous accompagne, et un chauffeur, Mac Gyver à ses heures, a entassé des VTT, de l’eau, de la nourriture, des canoës gonflables… et sa fille de treize ans, Ulzii, sur notre mini-van bringuebalant sur les pistes défoncées de la Mongolie L’état des infrastructures routières et hôtelières et les distances séparant les principaux sites n’étant guère compatibles, nous n’explorerons que très partiellement ce pays grand comme trois fois la France, en restant à quelques heures de la capitale Oulan-Bator (« le Héros Rouge », ça ne s’invente pas). Néanmoins, pas besoin de beaucoup s’éloigner : le dépaysement est total après trois heures de cahots anthologiques, la steppe à perte de vue s’offre à nous, parsemée de ‘gers’ d’éleveurs des « cinq museaux » mongols. Le chameau n’étant présent que dans le désert de Gobi, loin au sud du pays, nous n’en fréquenterons que quatre : chevaux bien sûr, vaches parfois bâtardisées de yacks, chèvres et moutons. Nous monterons quelquefois les premiers, puis laisserons bien vite la place à Louise et Joshua qui trotteront à cœur joie au lever et au coucher du soleil durant quatre jours. Nous testerons bravement les spécialités locales à base du lait de tous ces « museaux », agrémentées une fois d’abats de mouton fraîchement cuisinés, parce que ça porte malheur de ne pas goûter le plat qui mijote lorsqu’un visiteur franchit le seuil d’une ‘ger’ : du rognon et du foie de mouton à onze heures du mat, faudra faire plus gaffe aux odeurs de cuisine à la prochaine yourte qu’on approche ! Le reste du mouton se retrouve très souvent au menu, mais dans de bonnes préparations (raviolis, soupes, beignets, friture) et le pain mongol est délicieux. Côté boissons, le grave penchant des Mongols pour la vodka se retrouve dans un tiers - oui un tiers ! - des linéaires des supermarchés (un autre tiers encourageant l’autre gros problème de la société mongole, l’obésité, avec bonbons et barres chocolatées à une échelle criminelle), mais nous sera épargné par nos deux accompagnants qui ne boivent que du thé.
Première semaine dans la steppe : activités en extérieur, levés tôt, couchés tôt. Après avoir essuyé une journée de vent à décorner les yacks, une belle éclosion de fourmis volantes que la fumée (le fumet ?) de bouse de vache séchée peinait à éloigner, nous apprécions quelques courtes randos, un peu de VTT et du canoë sur la rivière qui longe notre camp.
Deuxième semaine de routes cahoteuses (je l’ai déjà dit ?) pour rallier quelques sites qui valent le détour : l’une des trois réserves de réintroduction du cheval de Przewalski, beaucoup plus facile de les appeler « takhis » comme les Mongols, un canasson resté à l’état sauvage étudié de près par des zoologistes qui nous présentent le résultat de leurs recherches ; un temple bouddhiste sur une petite montagne, détruit par les Soviétiques et le parti communiste mongol dans les années trente comme la plupart des sites religieux du pays, et qui renaît aujourd’hui sous l’impulsion d’une petite mémé qui a vu son grand-père moine attaché à une corde à moutons avec ses trois cents coreligionnaires avant d’être exécutés ; enfin, le site de Karakorum, plus grande ville du monde au 13ème siècle d’où sont partis les cavaliers mongols qui ont conquis le plus grand empire de l’histoire, s’arrêtant aux portes de l’Europe de l’Ouest pour une bête histoire de succession, et sur les ruines de laquelle se dressent aujourd’hui les cent huit stupas du grand temple bouddhiste d’Erdene Züü, l’un des seuls protégé des communistes.
A l’aller et au retour, arrêts obligatoires à Oulan-Bator, la capitale polluée et embouteillée : quelques visages et scènes authentiques au gigantesque « marché noir », qui n’est plus de cette couleur depuis la libéralisation de l’économie mais en a conservé le nom ; quelques immeubles décrépis et monuments resplendissant de démesure soviétique, avec l’alphabet cyrillique encore utilisé pour la langue mongole qui accentue ce décalage. Pourtant, aucune agitation en ville suite aux émeutes législatives du mois de juillet : la Mongolie semble être depuis l’effondrement du bloc soviétique une démocratie saine. Mais le pays a encore une longue route à faire sur la voie du développement. Gageons qu’il aura bien changé si nous y retournons dans une décennie, nos postérieurs ne craindront plus que les selles des étalons !
Note de Delph : je viens de découvrir comment légender les photos. Il vous suffit de passer la souris dessus quelques instants...
Si vous êtes interessés par un voyage en Mongolie, cette page du site web de l'agence locale qui a organisé notre voyage est à lire avant de partir : http://dmd-mongolie.com/decouvrir-conditions-voyage.htm
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