Des pavés pour la plage : au-delà des clichés, Samouraï et Yakuza – Expats au Japon depuis 300 jours
Des pavés pour la plage : au-delà des clichés, Samouraï et Yakuza
Dernier article avant les vacances : le foie gras et la yourte pour nous, la plage et ses bons gros romans pour d’autres ! Après avoir cité quelques auteurs étrangers qui font découvrir le Japon à travers leur œil passionné (cf. post du 22 juin), au tour des auteurs japonais qui vont au-delà des clichés sur deux figures maîtresses de l’imaginaire nippon, le samouraï et le yakuza.
La Pierre et le Sabre, suivi de la Parfaite Lumière, de Yoshikawa Eiji – J’ai Lu
A tout seigneur tout honneur : l’histoire du samouraï Musashi publiée en 1935 sous forme de feuilleton dans le fameux journal l’Asahi Shimbun. Nous suivons la vie romancée de ce formidable personnage historique dans un gros bouquin (deux tomes en J’ai Lu), à la manière des romans-feuilletons d’Alexandre Dumas avec suspense à la fin de chaque chapitre. La période est passionnante, juste après la bataille de Sekigahara en 1600 qui ouvre la « période d’Edo » et la domination des shoguns Tokugawa deux siècles et demi durant. Le récit alterne combats littéralement extraordinaires, pleins de bruit, de fureur, de sabres et de flèches, inspiration de nombreux films de samouraïs, avec des passages plus calmes et réfléchis sur l’itinéraire intellectuel et spirituel de Musashi vers la « voie du sabre », ou la narration de ses amours impossibles avec son amie d’enfance. Immense succès au Japon, cette transformation d’un guerrier hors pair mais sauvage en homme mûr qui cherche sa voie, sur fond de société japonaise en pleine mutation, les seigneurs se faisant progressivement dompter par le shogun, fait tout l’intérêt de ce grand roman d’aventures.
Mémoires d’un yakuza, de Saga Junichi – Picquier Poche
Un autre personnage incontournable au Japon, par exemple quand on frôle à Tokyo les salles de pachinko surbruyants, est le yakuza, tout du moins l’image que l’on se fait d’un mafieux tatoué prêt à dégainer à la moindre incartade. Ici, pas de drogues ni de chatouilleux de la gâchette : son médecin recueille sur un magnétophone dans les années 1970 les confessions véritables d’Ijichi Eiji, un yakuza « première manière » qui ne s’occupe que de tripots de jeux de dés, l’ancêtre des pachinkos d’aujourd’hui sans doute. Il survit au grand tremblement de terre de 1923 à Tokyo, et surtout aux immenses incendies qu’il a provoqués, puis progresse dans la hiérarchie mafieuse pendant le demi-siècle qui suit. Il s’attarde sur ses aventures amoureuses, son service militaire dans le froid glacial du nord de la Corée et ses séjours en prison avec sévices des matons en prime. Sans verser de sang inutile, sans racketter les commerçants alentour, sans tremper dans les « affaires modernes » (drogue, immobilier, etc.), il devient chef de clan respecté et son dos « est couvert d’un tatouage – un dessin de dragon et de pivoine, dont les couleurs avaient passé avec le temps ».
Libellés : Livres et films sur le Japon
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