Zatoichi ou la légende du samouraï aveugle, lettres de noblesse du Chambara – Expats au Japon depuis 420 jours
Zatoichi ou la légende du samouraï aveugle, lettres de noblesse du Chambara
Puisque je parlais de l’origine du nom « chambara » il y a trois semaines, nous y voilà ! Pas de chabadabada dans les films de sabre, plutôt un grand chambardement : un éclair de lame qui illumine l’écran, du sang qui gicle, le méchant qui vacille, le héros qui rengaine sans ciller, c’est beau, c’est pur !
Nous avions dévoré à belles pages la biographie romancée et édifiante de Musashi, nous étions prêts pour un autre samouraï, de pure légende cette fois : le masseur aveugle, joueur invétéré dans les tripots où roulent les dés pipés, et fine lame cachée dans sa canne (tel un John Steed en hakama), j’ai nommé : Zatoichi !
En fait de John Steed, nombre d’articles occidentaux comparent plutôt le personnage de Zatoichi à un James Bond nippon, du fait de sa longévité au cinéma et de son immense popularité : vingt-cinq films entre 1962 et 1973, une série télévisée de cent épisodes et un ultime film en 1989 toujours avec le même acteur : Shintaro Katsu. Nous avons vu le dernier de ces films de légende il y a un an ; nous n’étions sans doute pas encore suffisamment « tatamisés », il nous manquait quelques codes, nous n’étions pas encore enchantés par une manche qui se retrousse avant de combattre, un chapeau en paille qui recouvre le visage du méchant quand il pleut… Mais nous avions pris date avec le personnage.
Nous avons enfin vu et adoré le remake de Takeshi Kitano, réalisé en 2003 (bande annonce ci-dessous). Acéré comme une lame, épuré comme une attaque du rônin aveugle, mais surtout drôle et décalé, avec l’idiot du village qui tourne autour de la maison sabre au clair en hurlant, déjanté avec sa chorégraphie finale digne de « Devdas » (Bollywood dans un film japonais, on aura tout vu !). Et surtout magnifiquement filmé, enluminé comme dans la courte scène de bataille sous la pluie dans un éventail de gris d’où surgissent les éclairs de rouge sang, rythmé par les paysans qui creusent leurs sillons en abattant leurs houes sur une petite mélodie drolatique. Enfin, le demi-sourire de Kitano, tour à tour chaleureux avec ceux qu’il protège, puis menaçant avant de dégainer, restera comme une interprétation réussie de ce personnage de légende. Daniel Craig n’a qu’à bien se tenir !
Photo : www.allocine.fr
Libellés : Livres et films sur le Japon, Vidéo
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