L’empire des vieux – Faire du cinéma, c’est revivre – Expats au Japon depuis 595 jours
L’empire des vieux – Faire du cinéma, c’est revivre
Une fois n’est pas coutume, pour traiter d’un vrai sujet de société, autant se référer aux… vrais journalistes. Les articles de « Courrier International » nous emballent quasiment chaque semaine ; ils nous rendent plus intelligents, plus ouverts sur le monde, plus tolérants, en reprenant les meilleurs articles, photos, dessins de presse des journaux du monde entier et en les traduisant en français. Inutile de broder sur un thème qu’ils ont creusé à fond, autant juste les citer.
Dossier Japon dans le n° 964 du 23 avril : « L’empire des vieux ».
Extrait du premier article, « le jour où notre pays sombrera », traduit du « Nihon Keizai Shimbun » de Tokyo :
« Nous sommes en 2042. Le Japon compte 38,6 millions d’individus de plus de 64 ans, un record jamais atteint. Alors que la population globale n’est plus que d’à peine 100 millions d’habitants, soit 24 millions de moins qu’en 2009, le nombre de personnes âgées a augmenté de 10 millions. […] En raison de la faible natalité japonaise, le vieillissement de la population, sans égal dans le monde, pèse de plus en plus sur les jeunes. Le Japon ressemble à un bateau à la dérive. La croissance économique, qui jadis propulsait le pays, lui fait aujourd’hui défaut. Il manque de travailleurs et se retrouve à court de carburant, autrement dit de ressources financières. »
Mais l’intérêt des dossiers de « Courrier » tient dans la variété des angles abordés. Après l’introduction ci-dessus, ils zooment sur deux conséquences du problème.
L’un est surprenant et désolant : « Sur fond de délitement des liens sociaux, les personnes âgées commettent des délits pour échapper à un quotidien de plus en plus difficile. […] Quelque 70% des personnes âgées remises en liberté après avoir purgé leur peine retournent en prison au plus tard cinq ans après leur sortie [pour certains, la prison représente la garantie d’un repas et d’un logement] » (Tokyo Shimbun).
Le dernier angle du dossier est également surprenant, mais d’un enthousiasme communicatif, traduit de l’Asahi Shimbun de Tokyo. « En réalisant leurs propres comédies musicales, les habitants d’une commune de Hokkaido ont retrouvé le moral et la santé. […] Ko a joué le rôle d’un chef de bande de motards s’opposant à la fusion de sa commune avec l’agglomération voisine dans Ii jijii raidâ [Le gentil papy motard, un jeu de mot faisant référence au film américain Easy Rider], sorti en 2008. Au début, son médecin le lui avait fortement déconseillé. Mais avec le consentement de sa famille, il s’est fait opérer afin de se débarrasser de son lumbago chronique. Il est remonté sur une moto pour la première fois depuis quarante ans. Parfois, il ne parvenait plus à dire ses dialogues, gêné par son dentier. […] Le premier film, tourné en 2003, Tambo-de myujikaru [Comédie musicale dans les rizières], réunissait 125 habitants. Le tournage commençait chaque matin par la prise de la tension de chacun de ses participants. « Ta tension est plus élevée que d’habitude. As-tu pris des médicaments ? Quoi, tu es nerveux avant le tournage ? A ton âge… ». […] L’aventure des personnes âgées de Mukawa est appréciée dans la mesure où elle contribue à réactiver la région et constitue un bon exemple de motivation pour les seniors. […] Voilà bientôt un an que la troisième comédie musicale est achevée. « Alors, la quatrième, c’est pour quand ? Si tu tardes trop, nous deviendrons tous complètement gâteux ! Et alors il sera trop tard ! » dit-on [au scénariste de 65 ans] chaque fois qu’il rencontre un acteur dans la rue. »
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