Hanami, mon bel ami – Expats au Japon depuis 553 jours
Hanami, mon bel ami
Carole avait déjà pris le plus joli titre : « Sakura, ouvre-toi », dans Tokyo petites annonces, alors il a fallu improviser.
Bravo, Carole, la petite fleur s’est enfin ouverte ! Elle était en retard cette année, changement climatique ou pas. Elle a éclos une semaine après la date annoncée par les prévisions météo les plus suivies du Japon, celles qui montrent la « ligne de floraison des cerisiers » remontant les trois mille kilomètres de l’archipel, depuis les Okinawa en mars jusqu’à Hokkaido fin avril ou début mai. On relira l’article de l’an dernier pour comprendre pourquoi un écart dans les prévisions met le bazar dans les réservations des emplacements aux bâches bleues pour les pique-niques entre collègues et amis.
Cette année, pour regarder les fleurs (hanami, donc), nous choisissons le canal – bétonné – qui s’étend de part et d’autre de la gare de Naka-Meguro, à l’ouest de Shibuya. Une balade de trois kilomètres sous les frondaisons ; les fleurs de cerisiers regroupées en petites boules, on croirait se promener sous de gros flocons suspendus dans le temps au-dessus de nos têtes. Le temps reprendra l’avantage la semaine prochaine : les pétales tomberont par milliers sur les promeneurs, et le canal se recouvrira d’une couche laiteuse.
Notre jeu préféré n’est pas seulement de déambuler tranquillement et de mitrailler les arbres et les fleurs, mais aussi de mitrailler les mitrailleurs : tous objectifs dehors, du téléphone mobile au gros zoom 300 mm, nos amis Japonais n’arrêtent pas. L’objectif n’est pas seulement de saisir la petite fleur, mais aussi tout ce qu’on mettre devant : le conjoint, les enfants, soi-même (en position acrobatique, même si les viseurs des téléphones mobiles facilitent l’auto-cadrage). N’oublions pas nos amis à quatre pattes, dressés pour poser comme des stars, gueule alanguie sur la tête de son pote, sur fond de printemps qui chante !
Ceux qui s’arrêtent, c’est qu’ils sont invités à se poser sous la voûte florale en longues tablées d’amis ou de collègues, bonne chère nippone ou occidentale, bière, vin et saké coulant à flot, visages rougeoyants et rires hauts. Une franche ambiance de kermesse débonnaire !
Et pour clore la journée, la « brigade des sakura » se déploie : une dizaine de messieurs d’un certain âge arborant un splendide blouson rose fluo aux armoiries de la fleur de cerisier. Sans en être certain, je pense que ce sont les nettoyeurs qui se préparent au dernier acte de cette journée de fête : débarrasser les bâches bleues des restes des pique-niques alcooliques, pour mieux recommencer demain.
Et puis, dans quelques jours : « Sakura, envole-toi »… jusqu’à l’an prochain.
Libellés : Culture et traditions, Tokyo
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