Les otakus au taquet – Expats au Japon depuis 565 jours
Les otakus au taquet
Six copains expats décident de s’encanailler un vendredi soir à Akihabara. Connu pour ses magasins high-tech, ce quartier est également la Mecque des marginaux amoureux de mangas, le temple des « otakus », ces jeunes adultes reclus dans leur passion et incapables de s’intégrer dans le moule si normatif de la société japonaise. Ces jeunes gens inadaptés ont besoin d’un peu de douceur dans ce monde de brutes. Pas assez extravertis pour rechercher l’âme sœur, ils préfèrent l’ersatz, le substitut à une petite amie inaccessible : on a alors inventé pour eux le « maid café ». Un cocon où les serveuses déguisées en personnages de leurs mangas préférés les accueillent d’un humble « bienvenue chez vous, maître ». Rien de bien tendancieux dans ces lieux, juste un peu de tendresse factice pour combler les soirées et les rêves vides des otakus.
Nos trois couples d’expats en goguette dégotent un maid café au nom de rêve : « Little Beauty Satanic Dining » (ou Little BSD). Et là, manque de bol ! Malgré le japonais développé de deux de nos amis, point de chaleureuse phrase d’accueil, pas de café servi à la petite cuillère par la serveuse. Vaguement habillées en Office Ladies (employées de bureau) au lieu des diablotins promis, elles nous donnent un ticket par conso qui permet de gagner le polaroïd de l’une d’entre elles, super. La déco est quelconque, l’ambiance est glauque, quelques cols blancs finissent la semaine en éclusant des bières, bref on se barre fissa.
Re-manque de bol, le second de notre liste, « Maid In Angels », repéré sur le Routard et sur Internet est fermé !
Un resto indien de quartier plus loin, nous voilà prêts à aller nous finir au champagne à la maison, lorsqu’une enseigne « Little PSX » clignote devant nous (nous ne saurons jamais ce que signifie PSX). Nous montons à l’étage pour découvrir enfin un endroit accueillant et cosy, avec parquet et tentures, où quelques charmantes soubrettes s’ébrouent en jouant aux fléchettes et en rigolant avec les habitués. Ceux-là ont tous les traits des otakus : visage d’ado attardé derrière de grosses lunettes, mini ordi portable posé sur le comptoir pour rester connecté ou pour jouer en ligne, sourire béat lorsque la serveuse vient régulièrement échanger quelques mots : ils sont à fond dans le concept ! Nom de code de notre serveuse : « Chocola », c’est innocent, sucré et bon pour le moral. Nos expats-otakus d’un soir sortent finalement la bouteille de champ’ ici-même et jouent aux fléchettes avec « Chocola ».
Note de Delph : Impossible de photographier les serveuses dans les maid cafés. Pour obtenir un polaroïd, il faut le gagner... en consommant !
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