Après le tremblement de terre, Adam et Eve prennent le Tokyo Express – Expats au Japon depuis 87 jours
Après le tremblement de terre, Adam et Eve prennent le Tokyo Express
Non, ce n’est pas un message codé à l’attention des résistants dans le maquis. Et non, maman, il n’y a pas eu de grosse secousse enregistrée récemment à Tokyo. Comme précédemment annoncé, ma douce approche de la culture japonaise passe par les livres, les films et la cuisine (pour l’instant). Trois bouquins très différents ont constitué mon entrée en matière littéraire : un recueil de nouvelles récent, un vieux policier best-seller en son temps, et le tout nouveau Amélie Nothomb.
« Après le tremblement de terre » de Murakami Haruki (pour les noms japonais, j’ai choisi de respecter l’ordre nom puis prénom) est un recueil de six nouvelles écrit en 2001, où des personnages très différents ont tous eu, parfois de près mais généralement de loin, un rapport avec le grand tremblement de terre de Kobé en 1995, année où l’auteur est revenu vivre au Japon. La mélancolie des situations, les histoires qui se finissent parfois en points de suspension, les personnages tous légèrement abîmées par la vie qu’ils soient en vacances en Thaïlande ou sur une plage à allumer de gigantesques feux de joie, tout concourt à une belle impression d’étrangeté désenchantée. Elle culmine à mon goût dans la nouvelle « la Super-Grenouille qui sauve Tokyo », digne d’un film de Terry Gilliam ou d’une nouvelle de Kafka, dans laquelle une grenouille de deux mètres s’allie à un petit bureaucrate triste pour attaquer un ver géant caché dans les égouts de la ville qui veut déclencher un séisme dévastateur. Vingt pages délicieuses.
« Tokyo Express » de Matsumoto Seichô – ou « Ten to sen » en nippon romanisé – est paru en 1958 et a tout de suite été un des polars les plus lus au Japon ; il s’en est vendu des millions d’exemplaires. Le Maigret japonais, nommé Mihara, enquête sur un double suicide qui s’avèrera être un double meurtre au centre d’une affaire de corruption où maint fonctionnaires haut placés aident le meurtrier à cacher la vérité. Même si la fin est décevante (comme lorsque Hercule Poirot réunit tout le monde dans le salon pour exposer les faits et dévoiler le meurtrier), la progression de l’enquête, de Kyushu à Hokkaido en passant par Kamakura, se fait au rythme des horaires de trains qui se croisent, comme dans un problème d’arithmétique. La toile de fond sur la société japonaise empoisonnée par la corruption est intéressante, de même que les rapports hiérarchiques au sein de la police ou des ministères. Merci, Sandrine, de m’avoir prêté le livre.
« Ni d’Eve ni d’Adam » d’Amélie Nothomb est paru cette année, un nouveau cru de la plus japonaise des auteurs belges. Je n’ai pas encore lu tous ses titres (pseudo- ?) autobiographiques, mais cela m’a fait un grand plaisir de retrouver l’héroïne de « Stupeur et tremblements », au même âge que dans ce dernier, mais ici sur son versant solaire, retrouvant son penchant pour la nature et la nature humaine… en la personne de Rinri, un gentil Japonais de bonne famille qui s’éprend de sa « maîtresse » de français. Même s’il ne culmine pas sur les hauteurs de « Stupeur… », l’amour d’Amélie-san pour le Japon transforme ce court roman en une charmante balade amoureuse, piquant son récit de plats aux résonances exotiques (il faut que je goûte à l’okonomiyaki à la sauce d’Hiroshima) et de notations amusées sur les convenances nippones (l’emploi de ‘conversationneur’ par exemple). Une balade, oui, parfois même une vraie rando, spécialité de la demoiselle : les deux sommets du livre sont atteints lorsqu’Amélie gravit les pentes du Fuji-san et d’une autre montagne ; le lyrisme de sa prose s’emballe en même temps que ses semelles se font de vent. Sa nuit givrée, enroulée autour d’un poêle brûlant dans l’antre d’une sorcière, restera en mémoire lorsque j’escaladerai moi aussi quelques monts nippons. Merci, David, de m’avoir prêté le livre.
Je lis en ce moment « Geisha » d’Arthur Golden : cela me donne envie de retourner à Kyoto dès le printemps, mais tout le monde connaît le bouquin ou le film avec Zhang Ziyi et Gong Li, donc inutile de s’attarder. Mieux vaut aller admirer une fois de plus les fabuleuses photos-reportages amateur de Melissa Rose Chasse, plus connue sous le pseudo de « mboogiedown » sur les geishas de Gion : http://www.flickr.com/photos/mboogiedown/.
Je lis en ce moment « Geisha » d’Arthur Golden : cela me donne envie de retourner à Kyoto dès le printemps, mais tout le monde connaît le bouquin ou le film avec Zhang Ziyi et Gong Li, donc inutile de s’attarder. Mieux vaut aller admirer une fois de plus les fabuleuses photos-reportages amateur de Melissa Rose Chasse, plus connue sous le pseudo de « mboogiedown » sur les geishas de Gion : http://www.flickr.com/photos/mboogiedown/.
Libellés : Livres et films sur le Japon
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