Mariage shinto & maquillage schizo – Expats au Japon depuis 21 jours
Mariage shinto & maquillage schizo
Je reviens dans le quartier de Harajuku en ce dimanche ensoleillé. Je me dis qu’en me dirigeant vers le fameux sanctuaire shinto Meiji Jingu, je vais traverser de nouveau ce petit pont où un gars se déhanchait la dernière fois en écoutant à fond du U2 sur son radiocassette à même le trottoir. Il me semblait avoir lu dans un guide que d’autres créatures, encore plus étranges, peuplaient ces lieux chaque dimanche. Je n’ai pas été déçu !
Toute une faune quasi-exclusivement féminine, et pas méchante pour deux sous, s’est déguisée, maquillée, harnachée comme dans un bal gothique d’un film de Tim Burton. La mode gothique cette année semble se diviser en deux styles prédominants : le bon vieux look (mais alors là, total look) « corbeau » de nos années New Wave, avec coiffure pétard, platform boots à faire pâlir le Bowie époque Ziggy, mèche verte ou violette cachant un œil noir (ou même une fois, un bandeau de pirate) ; ou bien la Cendrillon de supermarché, la princesse de contes de fées pour adultes, sans doute un peu gores : jupe bouffante blanche ou noire, mi-bas à dentelles, chaussures vernies, coiffure peroxydée. Vu également un petit chaperon rouge avec cartable rouge verni sur le dos, mais c’était un travesti ! Quelques autres photos de ces jeunes femmes en noir sont visibles sur mon compte Flickr : www.flickr.com/photos/philpogg.
A quelques mètres de ce lieu étrange, on s’enfonce immédiatement dans le grand parc entourant le sanctuaire shinto de Meiji Jingu. On passe sous une immense porte « torii » en bois, les arbres s’élancent vers le ciel, et d’un seul coup c’est le silence. Plus loin, le sanctuaire est niché au cœur de sa forêt protectrice. Un petit attroupement, pourtant, mais silencieux celui-là. Une procession s’approche de la porte principale du sanctuaire : deux officiels en habit shinto précèdent un jeune couple et va les marier selon la tradition shinto (ou shintoïste, il faut que je me renseigne). Une large ombrelle rouge les suit, et les enveloppe majestueusement, puis viennent quelques membres de leurs familles vêtus de noir. Ils déambulent à petits pas très lents dans le sanctuaire, en suivant un tracé connu des seuls maîtres. Le kimono blanc et doré et la coiffe de la mariée sont magnifiques. Un petit sourire discret et humble est en permanence affiché sur son visage impassible.
Le ciel est bleu. L’ombrelle est rouge. C’est beau.
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